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Femme active ou Le journal d'une mère débordée
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23 mai 2007

Le fils prodigue...

Etre la fille de mes parents n'a jamais été facile... Réparer perpétuellement une faute que je n'ai pas commise, me sentir responsable...

Il est certain que celà a façonné l'adulte que je suis devenue, la mère que je suis pour mes enfants...

Ma mère vieillit, vit seule à 7000 km de nous (mes frères et moi). Avec la distance nos relations se sont améliorées mais dans 5 mois, elle sera à la retraite. Si je suis convaincue que c'est avec un grand plaisir qu'elle quittera le monde du travail, après 39 annuités de cotisation  plus 4 enfants, je crois beaucoup moins à sa revendication d'indépendance, d'autonomie...

Prise par les patients, l'hôpital, je ne suis certainement pas assez à l'écoute de ses états d'âme, de ses angoisses. Elle a toujours joué le rôle de la femme forte, que rien ne peut abattre. Je l'ai toujours perçue comme une "menace", une volonté supérieure à la mienne. D'ailleurs c'est comme çà qu'elle est : dans le rapport de force permanent.

Grâce à Petit mari et les années passant, j'ai appris à fonctionner sur un autre mode : les plus forts ne sont pas ceux ce que l'on croit. Et tant pis si l'on perd un jour, le lendemain on gagne !

Mes plus belles victoires sont celles que j'ai eu sur moi-même, et non quand ma mère a cru me faire plier à sa volonté. Je n'aime pas sa façon de parler de moi et maintenant je n'y prête plus attention... Je ne me confie pas ou très peu. Nous parlons essentiellement des enfants, de la politique, de l'air du temps, de mes frères, de mes tantes, de mon père...

Depuis quelques temps ces coups de fil sont plus fréquents, elle s'ennuie, se sent seule... Je culpabilise de ne pas être assez présente mais avec un océan entre nous, que puis-je faire ? Elle a des petits ennuis de santé, s'écoute certainement beaucoup mais à force de vivre au contact de grands malades, j'ai tendance à tout minimiser...

Un dimanche, j'ai eu très peur : elle n'a pas répondu au téléphone. En fait, elle a débranché le téléphone dans sa chambre et ne l'a pas entendu sonner dans le salon. Inutile de vous dire tout ce que j'ai imaginé...

Comme à son habitude, elle aime se sentir "maîtresse-femme" (comme on dit chez nous). Elle aime qu'on lui accorde de l'importance et n'hésite pas à nous manipuler, un peu, beaucoup.

Bref, je crois que celà se résume à avoir la certitude d'être aimée de ses enfants. Je l'aime, c'est ma mère. Mais je ne le lui dis pas. Elle ne me l'a pas dit. En tout cas, je ne m'en souviens pas. Et c'est çà qui me perturbe, ne pas avoir cette certitude. Je dois lui renvoyer cette incertitude et elle essaie par tout les moyens de me faire "avouer" mon amour pour elle. Pourtant, çà ne vient pas. Encore ce rapport de force entre nous.

De mon côté, je n'ai pas ce doute vis-à-vis de mes enfants. Ils me font de magnifiques et attendrissantes déclarations d'amour. Même Petit mari, s'il ne le dit pas assez souvent, me le transmet dans ses actes, à sa façon de me caresser le dos, de m'embrasser... Je le sais. 

Sont-ils sûrs eux de mon amour ? Je le crois. Mais demain matin, je m'en assurerai.

Mon petit frère a pris l'avion pour la Guadeloupe sans rien dire à personne. Il est allé réconforter sa mère, notre mère. Je lui en ai voulu de ne nous avoir rien dit. J'étais jalouse de ce rôle de fils prodigue qu'il endossait. Quelque part, je lui en ai voulu de prendre ma place. Mais à nos âges (36, 33, 26 & 23) existe-t-il encore des aînés et des benjamins, des petits derniers ? Il a pu le faire, moi pas. Nous en avions parlé il y a quelques semaines. Je leur avais raconté ma frayeur et j'avais suggéré qu'il faudrait que nous nous arrangions pour que chaque année l'un d'entre nous aille en vacances là-bas. Comme de son côté, elle vient régulièrement en métropole, elle ne resterait ainsi pas plus de 6 mois sans nous voir...

C'est peut-être çà grandir, ne plus s'attacher à sa place dans la famille, passer le relais, s'occuper les uns des autres, regarder vers l'avenir sans s'accrocher au passé, ne plus ruminer ses blessures d'enfant et d'adolescent...

Pour ma part, celà signifie enlever la blouse d' infirmière, tomber le masque, accepter d'être "fille de", "femme de, être mère à mon tour et ne surtout pas oublier de dire à mes enfants à quel point je les aime et qu'ils sont ce que j'ai de plus beau dans ma vie.

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Commentaires
O
Un billet qui me touche à un point que tu ne peux imaginer, juste quand depuis vingt-quatre heures je rumine la dernière conversation avec ma propre mère, elle aussi distante de plus de six mille kilomètres, et qui est triste et me le fait tellement sentir.<br /> <br /> Triste qu'on ne se voit pas, qu'elle ne puisse voir ses petits-enfants, que je ne vienne pas cet été, et que j'ai décliné que ce soit elle qui vienne. Et moi de culpabiliser depuis cette conversation, sans amour, mais seulement avec plaintes et reproches, demandes et culpabilisation. Et moi je pleure sur une relation que je n'ai jamais eu avec ma mère, et que je n'aurai plus jamais. Et je ne sais pas comment je peux le lui dire, et ça me fait mal.
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N
Il y a tant de choses vraies !!!! comme par ex : les + forts ne sont pas forcément ceux que l'on croit !!!.......<br /> Il est parfois difficile de laisser parler ses sentiments et pas facile non plus de se confier... Etre soi même , osez parler de soi (surtout de ses faiblesses) c'est finalement ce qu'il y a de + difficile !!!!!<br /> <br /> Bises
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C
Les relations avec ma mère ne sont pas simples non plus. Elle aussi est toujours dans le rapport de force, tout en ayant parfois des comportements que j'appellerai "adolescents". Elle aussi m'a toujours rendue responsable, allant jusqu'à trouver que mon comportement avait changé depuis qu'elle a décidé de quitter mon père, avec es conditions ubuesques... Mais elle n'est pas à 7000 km, juste à 2 stations de métro et j'ai du mal à prendre du recul ...<br /> C'est difficile de voir que ses parents ont besoin de leurs enfants...
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B
Ton histoire me touche. Je pense que tu pressens ce qui est juste dans tes deux derniers paragraphes. Pas facile d'être soi...
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